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"Huclier, la journée la plus sanglante"
Un chapitre du livre
"Huclier 1967-2019 et origines
Fin de ruralité agricole d’un village du Pas-de-Calais
Conséquences de la Guerre d’Algérie
Enfance d’un écrivain
Valhuon école, Pernes collège, Arras lycées Carnot Guy Mollet puis Groupama…"
De Stéphane Ternoise 2025.
Les livres d’histoire ignorent les quatre décès simultanés dans un village de 110 habitants (Pas-de-Calais).
Pour le 21 mai 1940, les plus renseignés mentionnent le bombardement, le massacre, de civils en exode entre Saint-Pol et Brias, « le drame du hameau de la Forêt. »
Selon les chroniques cohérentes, ce jour-là, vers 11 heures, les troupes d’occupation pénétraient dans Saint-Pol.
Vers 16 heures 30, les soldats allemands avançaient sur la RN 41, encombrée de Belges et Nordistes en exode, poussés vers les fermes.
Les « Stukas » de la Luftwaffe apparaissaient dans le ciel et nettoyaient le terrain...
Huclier la journée la plus sanglante 110 habitants 4 meurtres par les Stukas de la Luftwaffe
Huclier, la journée la plus sanglante
Les livres d’histoire ignorent les quatre décès simultanés dans un village de 110 habitants. Pour le 21 mai 1940, les plus renseignés mentionnent le bombardement, le massacre, de civils en exode entre Saint-Pol et Brias, « le drame du hameau de la Forêt. »
Selon les chroniques cohérentes, ce jour-là, vers 11 heures, les troupes d’occupation pénétraient dans Saint-Pol. Vers 16 heures 30, les soldats allemands avançaient sur la RN 41, actuelle Départementale 941, encombrée de Belges et Nordistes en exode, poussés vers les fermes. Les « Stukas » de la Luftwaffe apparaissaient dans le ciel et nettoyaient le terrain.
Alors que Léon Blum le grand visionnaire amusait les français, le führer pouvait sourire de sa somptueuse analyse du 9 novembre 1932 dans le Populaire « Hitler est hors d’état de risquer un coup de force. À la différence de Boulanger dont l’aventure est rappelée de si près par la sienne, il n’a pour lui ni la police ni l’armée. Ses Sections d’Assaut se briseraient au premier choc contre le Reichswehr et contre la Schupo prussienne. Le péril que nos camarades social-démocrates ont le plus gravement redouté, c’est-à-dire la jonction des forces militaires légales et des formations hitlériennes, disparaît aujourd’hui à l’horizon. Si incertain, si mystérieux que demeure l’avenir politique de l’Allemagne, on peut donc, je crois, tenir pour acquise cette donnée : l’accès du pouvoir, légal ou illégal, est désormais clos devant Hitler, la social-démocratie "a eu" Hitler. » (cité par Jean Prieur dans Hitler et la guerre luciférienne) en mettant au point le Stuka, un bombardier de la Luftwaffe, la plus puissante flotte aérienne de ce monde de 1940. Et naturellement les officiels français des années 30, dans la lignée du Blum Blum, avaient ignoré, méprisé, les appels à l’aide des démocrates allemands, peut-être, finalement, avec la vieille idée qu’un bon allemand était un allemand mort, et plus les boches s’entre-tueraient mieux la France se porterait ? Ce mépris des SOS est naturellement occulté dans l’analyse de la montée du fascisme. Hitler a su jouer des aveuglements de nos notables, pas seulement du Daladier.
Ainsi le 21 mai 1940, Raymond, le frère de Catherine Boidin (l’épouse d’Octave Delory, la mère de Maria, la grand-mère de Simonne), son épouse Gabrielle, leur fille Zoé (voir la photo de classe), leur fils Étienne périrent dans leur maison, rasée par une bombe. Il n’existe aucune plaque commémorative dans la commune. Je connaissais l’histoire mais ignorais la date, les prénoms.
Raymond Boidin né en 1877 et Gabrielle Coët née en 1887, se sont mariés le 6 octobre 1908 à Fiefs. Une famille aux naissances quasi annuelles :
- Jules Henri Fidèle né le 9 octobre 1909 – 10 juin 1992 à Bours
- Henri Marcel Joseph 8 novembre 1910 – 20 avril 1911
- Julienne Lucia Maria 8 janvier 1912 – 17 octobre 1991
Mariée à Huclier le 18 juin 1942 avec Delille Pierre
- Julia Léa Marie 6 juillet 1913 - 16 novembre 1913
- Anselme Henri Joseph 27 avril 1916 – 10 juin 2003 Béthune
Marié à Valhuon le 12 mai 1943 avec Gérard Marie-Louise
- Henri Raymond 29 juin 1918 – 14 août 2004
- Marcel Edmond 19 octobre 1919 - 9 janvier 1920
- Zoé Jeanne Marie 19 janvier 1921 - 21 mai 1940
- Honoré Émile 11 mars 1922 – 21 juillet 2009 à Saint-Pol
Marié à Hernicourt le 6 mars 1951 avec Léa
- Michel Paul 3 novembre 1924 - ? (vivant en 1946)
- Étienne Victorie Joseph 17 août 1926 - 24 juillet 1927
- Julia Zélie Marie 4 novembre 1929 – 22 juin 2020 Hestrus
- Étienne Anselme 16 septembre 1931 - 21 mai 1940
Treize enfants, dont quatre claqués à moins d’un an. Et quatre victimes le 21 mai 1940. La vision selon le karma pourrait imaginer une accumulation de mauvaises ondes sur cette famille, la seule ainsi décimée.
En 1946, peut-être déjà dans la maison reconstruite, furent recensés :
- Delille Pierre chef de ménage 1912 Menuisier
- Delille Boidin Julienne épouse 1912 cultivatrice patron d’exploitation
- Delille Étienne fils 1942
- Boidin Henri beau-frère 1918 ouvrier agricole
- Boidin Honoré beau-frère 1922 ouvrier agricole
- Boidin Michel beau-frère 1924 ouvrier agricole
- Boidin Julia belle-sœur 1929 ouvrière agricole
Étienne, le fils, est né le 21 août 1942, soit quand même deux mois après le mariage de ses parents, le 18 juin 1942. Ce qui en cette période et dans ces conditions peut avoir suscité des réprobations uniquement chez les déconnectés de la réalité.
Honoré et Léa y vécurent, à mon époque, dans la maison construite à l’emplacement de celle bombardée et n’eurent pas d’enfant. Henri vivait chez eux et travaillait dans la dernière ferme en partant vers Conteville. Un « ouvrier agricole » dans la dénomination habituelle. Je l’apercevais parfois, pataugeant dans un mélange de fumier et gadoue, ou regagnant crasseux son logis. Il était même suspecté de voter communiste ! Qui d’autre aurait pu, à chaque élection, insérer le seul bulletin rouge ? Le troupeau de Léa et Honoré se limitait à une quinzaine de laitières. Je n’ai jamais échangé le moindre mot avec eux, la femme me semblait hautaine et l’homme réservé.
Ces deux survivants ne donnaient pas envie d’honorer les morts. Mais leur drame fut peut-être la cause de leur repli. Où étaient-ils ce 21 mai 1940 à l’heure B ? Pourtant la France honore tellement de personnages aux mains sales et même parfois couvertes de sang, qu’une plaque commémorative semble devoir s’imposer. Il s’agit d’un exemple de l’absence de mémoire du coin.
Je n’ai jamais posé la question à ma mère, où étais-tu à cet instant ? Sur cette période, si elle m’a parlé d’une famille enrichie par le marché noir, du vol de cochons par les boches, aucune exécution sommaire, aucun viol par les allemands ne fut évoqué, il est vrai que ce domaine était rarement abordé.
Ce 21 mai 1940 à Valhuon, Lucienne Delbart et Charles Leblond décédés. Le 22 Pierre Mayeur.
À Brias le 21 : François Bar, Arthur Crux, Christophe Delobelle, Héléna De Rouck, Jean Roussel, Emmanuel Wallez, Geneviève Wallez, Marie-Louise Wallez, Eustachins Willens. Aucun de ces neuf noms parmi les 363 habitants recensés en 1936.
À Saint Pol le 21 : Bethune Maria Clémence, Bondu Angéle, Bottin Florentine, Cadeau Clarisse, Clarisse Gabriel, Clarisse Jean-Claude, Debay Emilienne, Debeve Céline, Deffrenne André, Dekyndt Raymonde, Facques Marie Clara, Gobert Henriette, Gobert Wacheux Flore, Goussard Lysiane, Montet Juliette, Nowak Georgette, Preux Jean, Ragot Albert, Ratsaert Pierre, Servais Jules, Tugault Albert, Van Cutsem Victor. Laissons aux historiens locaux le soin de s’exprimer sur l’origine de ces victimes.
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