Exterminer les écrivains, les remplacer par des pantins

Extrait "Là où nous allons. Soumissionie l’autre nom du pays"

Exterminer les écrivains, les remplacer par des pantins

« Partout, toujours, les écrivains furent les ennemis des puissants, il faut les exterminer » affirme Aurélien dernier presque en Ultima verba. Une locution latine. Nous avons pu en recueillir une liste. Le latin, langue morte depuis plus de 1500 ans et malgré tout, quelques familles l’étudiaient encore, s’en transmettaient les rudiments. Comme le grec. Ces deux langues ont représenté l’aristocratie du savoir, jusqu’aux années 1900. « Ultimes paroles » dans notre exemple. Ainsi Néron aurait achevé sa macabre course avec « quel grand artiste périt avec moi ! » Jacques Mesrine « ils me croient mort depuis si longtemps et je m’éteins dans une maison de retraite » et Francis Blanche « laissez-moi dormir, j’étais fait pour ça. » Revenons à l’apophtegme de notre tyran. Il ajoutait « Quand on me parle de culture, je sors mon revolver. Vous êtes tous des complotistes. »

Le peuple braille, casse de la vaisselle, des drapeaux, déboulonne des statues, vole, pile, poignarde peu de notables, viole les rares princesses désirables mais la police et l’armée restaurent l’ordre après avoir laissé la situation s’envenimer jusqu’à l’exaspération des « classes moyennes » dont les biens sont saccagés. Tandis que les petits commerçants pleurent d’avoir tout perdu, le vrai riche se prélasse, resté éloigné des risques. Et la répression incite les amochés à ne pas recommencer. Mais quand les écrivains fournissent des slogans et analyses, le pouvoir peut vaciller. La littérature de dissidence fut considérée comme une offense à la République Assagie...

« Là où des pantins ont remplacé les écrivains, la démocratie est malade. »
Le livre de la rentrée littéraire : Là où nous allons. Soumissionie l’autre nom du pays